NE ME DEMANDE PAS D’OÙ JE VIENS, DEMANDE-MOI OÙ JE SUIS UN LOCAL

(…) L’environnement physique est le domaine le plus apparent de la géographie. Certain·e·s nominé·e·s organisent leur travail à l’échelle globale en déplaçant leur atelier à l’étranger ou en navigant entre plusieurs ports d’attache. Pour ces designers, la question n’est pas tant d’où ils viennent, mais plutôt où ils sont du coin. Comment est-ce que l’environnement ou les voyages influencent leurs pratiques ? L’architecte Daniel Zamarbide est un exemple de cette « multilocalité ». Le titre de son dossier, Terpsichorean Geographies, convient particulièrement à sa carrière qui fait un gracieux pas glissé d’un endroit à l’autre. Travaillant sous le nom de BUREAU, le nominé en scénographie a des ateliers à Lisbonne et à Genève, et les projets qu’il soumet cette année couvrent la Suisse, les Etats-Unis et la France.

« Je me sens à l’aise quand je me déplace au sein d’une petite diversité d’endroits. Très tôt, j’ai été ‹ déraciné › d’une petite ville confortable dans le Pays Basque espagnol vers Genève, et à présent à Lisbonne. Depuis, je n’ai jamais vraiment eu de patrie, cet endroit où tu vas pour redéfinir ton identité. Je crois que cette dernière n’a pas besoin d’être basée sur un critère national. C’est donc plutôt naturellement que je me retrouve entre deux pays différents. » « C’est devenu si facile et naturel de voyager que ça a perdu tout exotisme. Dans ce laps de temps non défini, je réfléchis, développe des projets, m’évade ou dors, tout simplement. Bien que nous soyons une petite équipe, nous voyageons tous beaucoup. L’atelier devient donc un endroit où se socialiser, se rencontrer, partager – l’endroit où l’on peut être ensemble. C’est libérateur d’être basé dans deux lieux. Dans ce contexte, notre travail s’est développé en conséquence : le déplacement interfère avec notre processus de design et notre réflexion. C’est une expérience formidable qui nous force à changer ce que l’on tient pour acquis. Cela donne une forme d’élasticité à nos réflexions et nos intérêts dans le design. » (…)